Hasard de calendrier ou simple coïncidence ;
Ce sont les préoccupations du moment qui justifient la présence simultanée au Togo de deux missions du Fonds Monétaire International (FMI) ! Une, réalisée par le département géographique, pour passer en revue la première évolution des réformes après l’accord de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) approuvé en mars 2023 pour 390 millions de dollars et sur 42 mois. L’autre avec le département des finances publiques (Fiscal affaire département (FAD), pour évaluer les investissements sous l’angle climatique appelé Climate Public Investment Management Assessment (C-PIMA).
Sollicitée par Monsieur le Ministre de l’économie et des finances, qui s’est entretenu avec l’équipe de la mission pour donner ses orientations et conseils au démarrage, la mission C-PIMA a permis : i) de faire un diagnostic technique, organisationnel et institutionnel du processus de planification, programmation, budgétisation et évaluation, ii) de faire des recommandations et proposer un plan d’action triennal de réformes, tenant compte à la fois des ambitions affichées et des capacités au sein de l’administration publique.
Cette mission C-PIMA, première du genre du Togo, intervient après la mission diagnostic de 2023 qui avait proposé la feuille de route pour l’intégration des changements climatiques dans la gestion des finances publiques don’t une des activités prévues était la réalisation de l’évaluation C-PIMA.
Le C-PIMA évalue la capacité des pays à gérer les infrastructures liées au climat elle s’articule autour de cinq piliers de la gestion des investissements publics qui sont essentiels pour des infrastructures sensibles au climat : la planification, la coordination au sein du gouvernement, l’évaluation et la sélection des projets, la budgétisation et la gestion du portefeuille, et la gestion des risques.
C’est tout naturellement que le Ministre a traduit au FAD/FMI le prix et le grand intérêt des plus hautes autorités du pays aux résultats de la mission. Dira-t-il, leur mise en œuvre contribuera à renforcer la crédibilité de la planification et de la budgétisation des investissements publics d’un point de vue climatique.
C’est sur demande de Monsieur le Ministre de l’économie et des finances, que l’évaluation s’est déroulée en présentiel du 14 au 18 octobre 2024, précédée par une phase virtuelle du 7 au 11 octobre. Elle est financée par l’Union européenne au travers du projet d’assistance technique « Strengthening Public Financial Management in Togo ». Il y a lieu de rappeler qu’au niveau mondial, environ 70% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la construction et de l’utilisation des infrastructures bien et que la contribution du Togo aux émissions mondiales de gaz à effet de serre soit négligeable (0,02 % des émissions mondiales en 2019), le pays est vulnérable à des chocs climatiques de plus en plus fréquents et de plus en plus prononcés telles les inondations fluviales résultant de l’augmentation des précipitations dans tout le pays, la hausse des températures, la pénurie d’eau et la sécheresse (en particulier dans les régions septentrionales), l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière, etc...
D’après les experts et selon les sources de la banque mondiale, dans les pays émergents et en voie de développement, les catastrophes naturelles causent des dommages aux infrastructures d’environ 18 milliards de $ par an et entraînent des interruptions des services coutant environ 391-647 milliards de $ par an.
Quant au cas spécifique du Togo, les risques naturels les plus courants sont les inondations et celles-ci causent régulièrement des dommages aux infrastructures et aux cultures. Les sécheresses entraînent des coûts élevés, affectant à la fois le secteur de l’agriculture de subsistance, essentiellement pluviale, et celui de l’agriculture d’exportation. L’érosion côtière, qui progresse à un rythme annuel de 20 mètres dans certaines régions, est également une préoccupation majeure, étant donné que la zone côtière abrite environ 42 % de la population du pays et plus de 90 % de ses activités économiques formelles.
Aussi, le Togo a reconnu l’adaptation au climat et l’atténuation de ses effets comme des priorités politiques essentielles et a été le premier pays de l’UEMOA à réaliser un PEFA Climat en 2022 pour évaluer l’intégration des considérations relatives au changement climatique dans la gestion des finances publiques (GFP). Le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) a par la suite introduit la budgétisation verte et son premier budget vert exercice 2024, premier de l’UEMOA. Le pays vient de se doter, le 09 octobre 2024, d’un document cadre de financement durable de la République Togolaise.
Aussi, a-t-il fait l’objet de remise officielle de sa version provisoire après la restitution politique intervenue le 18 Octobre 2024 aux autorités du ministère de l’économie et des finances sous la direction de messieurs le secrétaire général du ministère Tchasso Kpowbie Akaya, les secrétaires généraux des ministères en charge de l’environnement, de l’agriculture, de la planification, de l’urbanisme et le Directeur Général du Budget et des Finances Anakpa Essokiza, coordonnateur de la mission et les directeurs de la planification, des statistiques et du suivi-évaluation (DPSSE) points focaux des ministères et M. Sovi Kokou directeur des études et analyses budgétaires.
Rappelant qu’un des effets attendus de la présente mission est d’accroître la capacité de financement de l’économie et du développement du Togo, le SG/MEF a sollicité l’accompagnement et la facilitation du FAD/FMI afin que le Togo accède d’ici juin prochain au Fonds fiduciaire.
pour la résilience et la viabilité ou Resilience and Sustainability Trust (RST) du FMI. Ajoutera -il, le financement du changement climatique ne peut être considéré de nos jours comme étant des financements additionnels car nous vivons tous les jours le changement climatique « le financement du changement climatique n’est pas un effet de mode », indiquera pour conclure monsieur Tchasso Kpowbie Akaya.
La mission a été conduite par Mme Laura Gores (conseillère d’assistance technique à FAD/FMI et comprenait Mme Amina Bambara Billa, M. Pierre Rouméguas, et Mme Gwenaëlle Suc (tous experts du FMI). L’appui à l’organisation et à la coordination de la mission, a été assuré par la Direction Général du Budget et des Finances avec le point focal de la mission Mme Valérie Akouvi S. Kouhoue/Hotonyo, aussi point focal national de la budgétisation verte.